Humeurs

30 ans et des poussières

Il y a six mois, j’ai eu 30 ans. 30 ans. Un âge qui me parait à la fois si jeune et si adulte. J’ai l’impression d’avoir déjà vécu mille vies et d’avoir encore un milliard de choses à vivre.

Quand j’en discute avec mes amis, je me rends compte que la plupart ont détesté le passage à la trentaine. En ce qui me concerne, j’avais plutôt hâte d’avoir 30 ans. Pourtant, je ne coche aucune case de la trentenaire parfaite aux yeux de la société. C’est même plutôt le contraire. A 30 ans, me voilà seule à Berlin en train de recommencer une énième nouvelle vie.

Mais quand je repense à ces 10-15 dernières années, aux crises existentielles, aux traumas, aux déceptions amoureuses et amicales et aux doutes en tout genre, je suis bien contente de laisser tout ça derrière moi. J’ai donc eu envie de dresser la liste des choses que j’ai apprises au cours de ma vie et qui me permettent aujourd’hui d’aborder la trentaine de façon sereine.

Savoir m’écouter et dire non

Entre mes 18 et mes 27 ans, j’ai beaucoup fait la fête. Il est vrai que pendant longtemps, j’acceptais la moindre invitation à une soirée même si je n’en avais pas envie. J’avais toujours peur de rater quelque chose d’incroyable ou alors de décevoir si jamais je décidais de ne pas y aller. Spoiler alert : il ne se passait jamais rien d’exceptionnel. Trois fois sur quatre, je finissais même par regretter de ne pas m’être écoutée. D’ailleurs, ma conclusion était toujours la même : j’aurais mieux fait de rester chez moi.

Ces dernières années, j’essaye d’être un peu plus à l’écoute de mon corps. Si je sens que je suis fatiguée ou que je ne suis pas d’humeur, je préfère me reposer plutôt que de me forcer à sortir en traînant des pieds. J’ai appris avec le temps à ne plus culpabiliser parce que je n’ai pas eu un weekend productif.

Je prends ici l’exemple des soirées, mais c’est quelque chose que j’essaye d’appliquer dans chaque domaine de ma vie. Avec le temps, j’ai appris (re)connaître mes limites et à dire non quand je n’ai pas envie de faire quelque chose ou d’aller quelque part. Est-ce que je passe pour une rabat-joie ou une meuf relou ? De temps en temps, oui. Est-ce que j’en ai quelque chose à faire ? Pas le moins du monde.

Reconnaître les drapeaux rouges et cesser de les ignorer

Aah les drapeaux rouges ! Pendant longtemps, j’étais assez naïve et je refusais de les voir. Aujourd’hui, c’est plutôt le contraire. Je crois même que je pourrais sortir la Bible des red flags.

Quand je fais le point sur ma vie amoureuse, je peux dire que j’ai vécu de belles histoires, mais j’ai aussi rencontré pas mal de personnes problématiques. Je pourrais notamment citer le mec de 40 ans qui ne sort qu’avec des filles de moins de 25 ans ou encore celui qui dit avoir « un truc pour les filles exotiques ».  Idem pour ma vie pro. Globalement, mes expériences dans le monde du travail se sont toujours bien passées, mais au fil des années, ma route a croisé celles d’entreprises qui n’étaient pas toujours réglos (coucou les startups qui se décrivent comme étant des “grandes familles bienveillantes”).  

Il y a encore quelques années, je laissais à ces personnes le bénéfice du doute. Pire, je me disais que c’était peut-être moi qui étais trop sensible ou parano. Cela m’a menée à des relations pas très saines et je finissais toujours par y laisser quelques plumes. Aujourd’hui, dès que je vois le moindre drapeau rouge, je préfère passer mon chemin. Depuis, tout va beaucoup mieux dans ma vie.

Accepter les ruptures amicales

J’ai toujours eu l’impression (peut-être à tort) que les ruptures amicales n’étaient pas très bien acceptées. C‘est marrant, parce qu’à la fin de chaque relation amoureuse, j’ai souvent droit à la même rengaine : « tu mérites mieux », « t’es mieux sans lui », « passe à autre chose », etc…

En revanche, j’ai remarqué que les discours autour de moi étaient souvent différents quand il s’agissait d’une rupture amicale. Souvent, on essayait plutôt de me pousser à la réconciliation à coup de « tu parles toujours plus à untel ? », « c’est dommage quand même », « tu devrais essayer de lui reparler », etc… Moi-même, j’ai déjà sorti ce genre de choses.

Pourtant, certaines amitiés ne nous font pas toujours du bien. Cela peut prendre des années avant que l’on se rende compte que certaines personnes ne sont pas bonnes pour nous. Au même titre que l’on ne resterait pas en couple avec quelqu’un qui nous fait du mal, il est normal de mettre un terme à une amitié qui ne fonctionne pas ou plus.

C’est quelque chose que j’accepte enfin, mais j’ai mis beaucoup de temps avant d’en arriver là. Je trouve d’ailleurs que les ruptures amicales sont beaucoup plus douloureuses que les ruptures amoureuses.

Ne plus avoir peur de me perdre afin de mieux me retrouver

J’ai conscience que cette phrase est hyper bateau. Mais elle résume parfaitement ma vie depuis mes 18 ans. J’ai ouvert ce blog quand je vivais dans mon petit 12 m² à Paris, mais ce n’est que 4 ans plus tard que j’ai publié mon premier article alors que je venais tout juste de finir mon master en Suède. Le sujet ? La crise des 25 ans. A l’époque, j’étais totalement perdue. Je rêvais de trouver un boulot à Stockholm, mais à force d’essuyer des refus, j’étais désespérée et je ne savais plus quoi faire.

Finalement, j’ai décroché un V.I.E. à Madrid et je dois dire que les années passées en Espagne ont totalement changé ma vision des choses. Quand je repense à tout ça, je me dis que je suis bien contente d’avoir quitté la Suède bien que je garde beaucoup d’affection pour ce pays.

Tout ça pour dire que depuis mes 18 ans, j’ai pas mal bougé au sein de l’UE. J’ai vécu dans quatre pays différents et déménagé une dizaine de fois. J’ai également arrêté mes études à la fin de mon M1 avant de recommencer un autre master deux ans plus tard. Niveau pro, je me suis aussi beaucoup cherchée. Même si j’ai principalement bossé dans le webmarketing, j’ai eu un petit interlude dans le monde de la culture. J’ai aussi été freelance une première fois, avant d’arrêter en 2016, de le redevenir en 2019 et d’arrêter à nouveau en 2021.

Bref, on peut dire que ma vie a été assez mouvementée. Même si parfois, j’aurais aimé avoir un parcours plus stable et plus linéaire, je me rends compte que toutes ces pérégrinations et crises existentielles m’ont permis d’apprendre à mieux me connaître. Ces périodes de doutes, de remises en question profondes et de transition n’ont pas été faciles à vivre. C’est même plutôt l’inverse. Mais aujourd’hui, je réalise qu’elles étaient nécessaires et m’ont permis de savoir ce que je veux et ce que je ne veux pas.

A 30 ans, je me sens enfin en phase avec moi-même et pour la première fois depuis longtemps, j’ai l’impression d’être exactement là où je dois être.

Si vous avez ressenti quelque chose de similaire ou de complètement différent au moment d’avoir 20, 30, 40, 50 ans ou plus, n’hésitez pas à partager votre expérience dans les commentaires !

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  • Je suis contente de te lire de nouveau !

    À Berlin ? Mais t'étais pas en Espagne ?! (Tu vadrouilles trop, tu vas me perdre xP)

    Je me retrouve dans les ruptures amicales même si de mon côté je songe davantage aux amitiés qui se fanent naturellement parce qu'on n'habite plus au même endroit, on ne se voit plus, on n'arrive plus à s'avoir au téléphone, etc. Longtemps j'ai cherché à recontacter d'anciens camarades, ou à prendre des nouvelles d'amis perdus de vue. Mais finalement je ne les intéressais pas trop, et j'ai fini pas accepter de laisser les gens partir. Tu veux pas me parler ? OK, c'est la vie, c'est comme ça ! J'ai encore un peu de mal parce que souvent je me dis que c'est dommage, quand même... mais finalement on a évolué, on a eu des expériences différentes, et puis on ne se correspond plus et c'est comme ça...

    J'ai aussi mon tout petit lot de pérégrinations côté pro (et je sais déjà que dans 3 ans, sans doute, je quitte mon poste actuel (que j'ai pris y a 3 mois xP) parce que je ne m'y retrouverai pas à terme) et justement j'aime bien les personnes avec des parcours pas du tout linéaires, je trouve ça super intéressant !

    Pour le passage des années... Je m'en fiche. Mes 18 et mes 20 m'ont rien fait, mes 25 non plus. Pourtant c'est l'âge où on commence biologiquement à vieillir ; je répète ça pour rire mais je crois que dans le fond je m'en fous. Là où c'est vraiment une bascule c'est parce que j'ai un vieux souvenir de ma mère me disant qu'elle espérait que je connaitrais l'amour (charnel) avant 25 ans et bien sûr ce n'est pas arrivé... (si ça t'intéresse ce serait un peu long à expliquer mais j'ai tout raconté par le menu sur mon blog xD (et je dis pas ça pour te faire venir sur le blog !)) Je crois que les 26 me feront un truc parce que je sortirai de la catégorie 18-25 (de la gratuité de plein de musées et des tarifs avantageux un peu partout), je serais plus considérée comme "jeune" x) Mais le passage des années, dans le fond, je crois que je m'en fiche.

    • Hello !

      Merci pour ton commentaire ! Ca me fait aussi toujours plaisir de te lire et d'échanger avec toi :)

      Oui, j'ai quitté Madrid et déménagé à Berlin pour des raisons professionnelles (c'est ce qui explique ma longue absence ici et sur Instagram) ^^

      Je vois totalement ce que tu veux dire pour les amitiés. Comme tu le dis, c'est souvent parce qu'on a pris des directions différentes et qu'on ne se correspond plus...

      Si si, ça m'intéresse beaucoup et je vais aller lire ça sur ton blog de ce pas :) Du coup, j'ai pas encore lu ton article, mais ça m'a l'air d'être une sacrée pression cette histoire d'amour charnel avant 25 ans...J'espère que tu ne l'as pas trop mal vécu.

      Et je suis d'accord pour la gratuité des musées et les tarifs réduits, 5 ans plus tard, je le vis toujours mal haha !

      Bonne année à toi et bon courage pour ce nouveau boulot ! :)
      Déborah

      • En plus, on n'est plus dans les 18-25 mais on se sent toujours jeune, et le plein tarif des musées nous rappelle que... ben non en fait xD

        Bonne année à toi aussi ! :D

        Du coup à Berlin tu apprends l'allemand ou tu te débrouilles avec l'anglais ?

        • J'avais fait allemand LV2 à l'école, mais je prends quand même des cours, car j'ai oublié les 3/4 de ce que j'avais appris...Donc au quotidien, je tente de me débrouiller en allemand et quand je galère trop, je switch en anglais :)

  • Hello,
    Bravo pour t'être écoutée. C'est tellement important de vivre sa vie comme on le souhaite, sans attendre l'approbation des autres...
    Pour ma part j'ai décidé cela avant mes vingt ans. Et je ne regrette pas !
    En revanche je suis terrifiée à l'idée d'avoir trente ans (fin février...). Chaque année c'est la même chose, j'espère fort ne pas vieillir ^^'
    Très belle année à toi,
    Claire

    • Hello Claire !

      Merci pour ton commentaire !

      Exactement ! C'est une vraiment une libération quand on commence à vivre sa vie comme on l'entend ! J'aurais aimé le comprendre plus tôt, mais mieux vaut tard que jamais :)

      Je compatis...J'espère que tu passeras une belle journée qui te permettra de mieux vivre ce changement d'âge (et de faire abstraction de toutes les mauvaises blagues au sujet de l'âge que tu risques d'avoir ^^) !

      Je te souhaite également une très belle année 2022 ! :)
      Déborah

  • J'ai eu 29 ans il y a quelques jours et mon dieu que c'était horrible ! mdr Grosse prise de conscience et pour autant je ne vais pas chambouler ma vie ! Enfin presque haha

    • Haha, je comprends ! Etrangement, j'avais pas trop aimé avoir 29 ans non plus, mais j'avais aussi eu du mal avec les 19 ans...En tout cas, joyeux anniversaire à toi (avec un peu de retard) !! En espérant que tes 29 ans t'apportent plein de belles choses :)

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