Humeurs

Le féminisme, la vingtaine et moi

J’ai 29 ans. Bientôt 30. Et quand je repense à ces dix dernières années, je me rends compte de deux choses : 

1 – La vingtaine, c’est quand même un sacré merdier (mais je reviendrai là-dessus plus tard).

2 – Heureusement que le féminisme m’a aidée à traverser cette décennie pleine de hauts et de bas. 

J’ai conscience qu’à première vue, le lien entre les deux peut être difficile à voir. Mais j’y arrive ! Avant d’aller plus loin, je préfère mettre un trigger warning : cet article va évoquer des violences physiques et sexuelles (viol).

Le droit de vivre ma vie comme je l’entends

Je me revois encore à 19 ans. Pleine d’insécurités sur à peu près tout et avec une confiance en moi aussi grande qu’un petit pois. Et puis, il y a eu ma première année en Suède où je me suis découverte féministe. Une année durant laquelle j’ai appris à m’assumer, à ne plus avoir peur d’être qui je suis et surtout, à vivre ma sexualité comme je l’entends, sans craindre les jugements. 

Un an plus tard, lors de mon M1 à Paris 3, je découvre l’afro-féminisme et l’intersectionnalité. C’est une révélation pour moi ! Je remets tout en perspective, je prends conscience du racisme et du sexisme que j’ai pu subir, mais surtout que j’ai moi-même intériorisés. Ça me fait l’effet d’une claque dont l’impact est énorme sur mon identité et ma vision du monde.

En parallèle de tout ça, je continue à grandir, à vivre mes expériences. Mais le féminisme m’ouvre une nouvelle voie. Une voie où je peux m’habiller comme je veux, avoir autant de partenaires sexuels que je le souhaite ou ne pas en avoir du tout pendant des années, avoir des poils ou ne pas en avoir, envisager ou pas d’avoir des enfants,…

Evidemment, quand on fait des choix qui ne correspondent pas aux attentes, on nous demande toujours de les justifier (alors qu’on ne devrait pas !). Mais le féminisme m’a permis d’être équipée pour prendre des décisions qui n’appartiennent qu’à moi tout en me moquant du qu’en dira-t-on. 

Des outils pour comprendre et des armes pour me défendre

Durant ces dix dernières années, j’ai également traversé des moments difficiles. Je pense notamment aux agressions physiques, sexuelles et aux viols que j’ai subis. 

Pour moi, l’une des pires choses, ça a été le bon gros victim blaming qui m’est arrivé en pleine face lorsque j’ai été violée pour la première fois. Des commentaires affligeants qui m’ont poussée à garder tout ça pour moi et à passer sous silence les autres viols dont j’ai été victime par la suite…

Alors, j’ai bien conscience que ce que j’évoque là peut arriver à tout le monde et à tous les âges. Mais je tenais à en parler dans cet article, car à l’époque, j’avais tout juste 21 ans et je n’avais pas osé recadrer mes amies qui m’ont dit que j’étais responsable. Depuis, mon rapport à l’amitié a changé et je sais très bien que si je devais faire face à ce genre de commentaires maintenant, je réagirais différemment. Mais à ce moment-là, à cause du victim shaming, j’ai ressenti une grande solitude. A quoi bon parler quand personne veut écouter ? Et c’est là, que le féminisme m’a aidée.   

Grâce au féminisme, il n’y a pas une seule fois où je me suis dit que c’était de ma faute. Cela m’a permis de comprendre la culture du viol et la réaction de mes copines à l’époque. J’ai ainsi pu mettre des mots sur ma colère pour pouvoir l’exprimer. Cela me permet aujourd’hui de pouvoir démonter les arguments des personnes qui me sortent encore des atrocités. J’ai également pu trouver dans les discours féministes le réconfort et le soutien dont j’avais besoin.  

Encore des luttes et beaucoup d’espoir

Je dois l’avouer, il y a des jours où j’ai du mal à être optimiste en pensant à l’avenir. Un petit tour sur Twitter me suffit pour me dire que le chemin est encore long et que rien n’est gagné. Pourtant, je vois que les choses continuent d’évoluer. Je le constate à la réaction des gens qui est désormais complètement différente quand je raconte ce qui a pu m’arriver il y a quelques années. Je vois aussi de plus en plus de personnes se déclarer ouvertement féministes et réellement se battre pour l’égalité dans la société. 

L’espoir, c’est aussi ce que m’a donné le féminisme et ce qui m’a permis, dans les moments les plus sombres de ma vingtaine, de relever la tête et d’avancer, armée, prête à me battre.

Courage à toutes les personnes qui sont engagées dans des combats féministes et/ou ont déjà été victimes de violence sexuelle et sexiste !

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