Vie pro

Bilan de ma première année en freelance

Ce mois-ci, je fête ma toute première année en freelance. Douze mois déjà que je suis à mon compte. J’ai l’impression que le temps est passé à une vitesse folle ! Je me souviens encore du moment précis où j’ai décidé de me lancer, de ce tourbillon d’émotions que j’ai ressenti. La peur, l’excitation, le stress, l’impatience et puis, cette sensation au fond moi. Cette sensation que je faisais le bon choix, que j’allais dans la bonne direction et que j’allais enfin prendre le nouveau départ dont je rêvais.

Douze mois plus tard, j’ai décidé de partager avec vous le bilan de cette première année en freelance.

Pourquoi je suis devenue freelance ?

Aussi loin que je me souvienne, je ne me suis jamais sentie à ma place en entreprise. Entre la hiérarchie et les horaires à respecter, je crois que c’est un monde beaucoup trop cadré pour le petit électron libre au caractère bien trempé que je suis. J’avais en plus déjà travaillé en tant que freelance pour un site web durant mes études. Le contexte était différent, parce que c’était seulement un job étudiant et je ne cherchais pas à développer mon activité. Mais cette expérience m’avait confortée dans l’idée que j’étais réellement faite pour être freelance. J’avais donc toujours eu en tête l’idée que, un jour ou l’autre, je me mettrai à mon compte. Je pensais juste que ce serait beaucoup plus tard dans ma vie. Mais les choses se sont déroulées autrement…

J’étais sur le point de finir mon VIE à Madrid et j’avais bien envie de rester dans la capitale espagnole. L’entreprise pour laquelle je bossais m’a proposé un CDI, mais je n’étais pas vraiment épanouie professionnellement parlant. Dans ma tête, le pire des scénarios était en train de se profiler : j’allais devoir retourner vivre chez mes parents et pointer au chômage.

C’est à ce moment-là que j’ai répondu à une annonce assez floue sur LinkedIn. Je pensais postuler à un CDI à Berlin, c’était en fait une mission en freelance réalisable en remote. Même si je trouvais qu’il était encore un peu tôt dans ma carrière, je me suis dit que c’était quand même un sacré signe. J’ai donc décidé de saisir cette opportunité pour me mettre à mon compte et rester un peu plus longtemps à Madrid.

Un parcours de freelance inversé

Vous l’aurez compris : j’ai trouvé mon premier client avant même de me mettre à mon compte. Je n’ai donc pas eu le parcours typique d’un freelance qui débute son activité avec aucun revenu. Ca a même plutôt était l’inverse, car j’ai tout de suite gagné suffisamment pour vivre.

Pendant les premiers mois, tout se passait bien jusqu’à ce que mon principal client réduise du jour au lendemain mon nombre d’heures sans me prévenir. C’était en novembre. Je suis passée d’une trentaine d’heures de travail par semaine à 1h sur tout le mois. Ca a été un gros coup dur pour moi, mais j’ai su rebondir et mon activité est bien repartie. Jusqu’au mois de mars, j’avais même beaucoup de boulot. Mais depuis, le confinement a bien ralenti mon activité…

Une année de freelance parsemée d’erreurs

Même si mes débuts se sont très bien passés, malheureusement, le développement de mon activité n’a pas été aussi rapide que j’espérais,car, en l’espace d’un an, j’ai commis toutes les erreurs à ne pas faire quand on est freelance.

Je n’ai pas démarché

Première et plus grosse erreur que j’ai faite : je n’ai pas démarché. J’ai honte, mais je crois que j’ai dû envoyé une dizaine de mails max en un an. Je pense que je n’ai pas besoin d’expliquer pourquoi c’est une erreur. Alors pourquoi je n’ai pas démarché ? Tout simplement parce que je voulais que TOUT soit parfait avant de contacter des potentiels clients.

Je suis perfectionniste, mais à un point où ça me gâche la vie. A trop vouloir que tout soit parfaitement fait, je finis par ne rien faire. Avant de démarcher, je voulais reprendre ce blog et en faire ma carte de visite. J’ai donc voulu changer le design, mais aussi poster des articles sur le content marketing. C’est ce que j’ai fait d’ailleurs. Sauf que ça n’avait strictement rien à voir avec la ligne éditoriale de mon blog et surtout, je n’avais aucun plaisir à écrire sur le SEO.

J’ai donc décidé d’ouvrir mon site pro, mais j’ai encore une fois bloqué pendant deux mois sur le design et j’ai mis du temps à le faire, car je tenais vraiment à tout faire de A à Z. Au final, je ne l’ai terminé qu’en février soit neuf mois après le début de mon activité…

Je me suis isolée

Seconde erreur : je me suis isolée. Les premiers mois, j’allais travailler dans un espace de coworking situé dans le centre de Madrid. Les gens étaient super sympas et j’adorais l’ambiance. Même s’il n’était pas trop cher (100€/mois), petit à petit, j’ai commencé à avoir de moins en moins de travail jusqu’à ce fameux mois de novembre de l’angoisse. Pour faire des économies, j’ai donc cessé d’y aller.

Etant plutôt introvertie, je n’ai pas non plus cherché à me connecter avec d’autres freelances en ligne. Ce qui est une belle erreur. Autant vous dire que très rapidement, je me suis sentie très seule. Dans les moments compliqués, cela n’a pas été facile de rester motivée.

Au final, ce qui m’a reboostée et permis d’avoir une vraie routine, c’est d’aller bosser au Google for Startups Campus à Madrid. Quand on est membre, on peut travailler gratuitement au Campus Café. Même si ce n’est pas la même ambiance qu’à l’espace de co-working où j’allais, cela me permet quand même de voir du monde tous les jours au lieu de rester seule dans mon studio.

Je n’ai pas travaillé ma présence en ligne

Pour quelqu’un qui bosse dans le webmarketing, c’est une honte, je sais. Mais encore une fois, étant introvertie, j’ai vraiment du mal à me montrer. Pire, j’ai tendance à vouloir me faire toute petite sur internet. Alors quand en novembre on m’a suggéré d’utiliser Instagram pour trouver des clients, j’ai eu l’impression d’être à nouveau une ado de 13 ans avec aucune confiance en elle. Je me rends compte aujourd’hui que je suis sans doute passée à côté de nombreuses opportunités pro à cause mon invisibilité en ligne. Mais il n’est jamais trop tard pour rectifier le tir… 

Beaucoup de doutes, de stress et d’anxiété

Est-ce que je vous parle du nombre de cheveux que j’ai perdu en un an ? Sérieusement, c’est un miracle que je ne sois pas chauve à l’heure où j’écris ces lignes. Je pense que j’aurais pu me reconvertir dans la confection de tapis en cheveux. Bon, aujourd’hui, ça va beaucoup mieux. Mais j’ai eu de grosses périodes de stress et d’anxiété ainsi que beaucoup de doutes. Je ne vous parle pas du nombre de fois où j’ai dit “je crois que je vais tout arrêter”.

C’est durant ces moments que je me suis rendue compte que d’une certaine façon, ça aurait été un petit plus facile si j’avais vécu en couple. Dans les périodes difficiles, ça m’aurait sans doute permis de souffler un peu au lieu de m’enfermer dans ma petite bulle d’anxiété. Même si j’ai la chance d’avoir des amis qui sont toujours là pour moi, je n’aime pas trop m’épancher sur mes problèmes. Je me suis donc souvent retrouvée à essayer de m’auto-rassurer et ça n’a pas été facile.

Je suis restée en phase avec mes valeurs

Dès le départ, je me suis dit que je refuserai toutes les offres payées au lance-pierres même si j’étais dans le besoin. C’est une décision qui peut sembler audacieuse, mais j’estime qu’il faut savoir se faire respecter et se respecter soi-même quand on est à son compte. Surtout quand on se lance, car ça pose les bases pour la suite. Je n’ai pas non plus envie de contribuer à la précarisation d’une profession en acceptant d’écrire pour 3 centimes le mot, par exemple.

Je me souviens qu’en novembre, une entreprise qui se décrit comme étant une “bande de joyeux lurons” m’a contactée pour que je rédige des textes pour leur site dans un de mes domaines d’expertise. Ils attendaient de moi que j’écrive 4000 mots par jour en étant payée 3cts/mot pour commencer, puis 4 centimes. Idéalement, il aurait fallu que j’aille travailler dans leurs locaux à Lyon. J’ai trouvé ça scandaleux. Ils sont bien mignons les joyeux lurons, mais ce n’est pas eux qui payent mon loyer à la fin du mois ou qui remplissent mon frigo.

J’ai malheureusement l’impression que beaucoup d’entreprises se disent “mais c’est sa passion” et en concluent que c’est totalement normal de faire ce genre de proposition scandaleuse. Alors mettons les choses au clair : écrire est peut-être l’une de mes passions, mais le respect reste mon maître-mot. Je préfère passer mon tour et garder mon énergie plutôt qu’être prise pour une machine et récolter des miettes. Je suis donc contente de ne pas avoir cédé à ce genre d’offres même dans les périodes où j’étais en difficulté financière.

De l’auto-sabotage à la prise de confiance

Mon manque de confiance m’a réellement mise en difficulté. Je me suis souvent mis des bâtons dans les roues toute seule. A cause de mon côté perfectionniste, j’ai énormément procrastiné et remis à plus tard des choses essentielles pour réussir à vivre en tant que freelance.

Au final, ce mois de novembre 2019 a été une véritable claque pour moi. J’ai vécu cette période comme une crise douloureuse mais nécessaire pour que je sorte enfin de ma zone de confort. Même si j’ai changé d’état d’esprit dès le mois de janvier, je vois les bienfaits de cette année de freelancing que depuis quelques semaines. Je me sens enfin assez en confiance pour essayer d’arrêter de me cacher à tout prix. Je n’ai d’ailleurs même plus envie de me cacher, bien au contraire, j’ai envie de gagner en visibilité et de rencontrer plein d’autres freelances.

Comme la notion de plaisir reste primordial à mes yeux et que je cherche des clients dans des secteurs qui m’intéressent, j’ai décidé de travailler ma présence en ligne à travers mon blog. Ca m’amuse beaucoup et ça m’aide aussi à prendre de l’assurance. En choisissant d’écrire ici, je développe en plus d’autres skills dans des domaines qui m’intéressent comme la photographie (même si j’ai encore du boulot).

Ma quête de la perfection ne me bloque plus, car j’essaye d’être aussi indulgente avec moi-même que je le suis avec les autres. J’ai également appris à être fière de moi (et ce n’était pas une mince affaire) ainsi qu’à savourer chaque petit plaisir de la vie de freelance.

Bilan : une première année en freelance mitigée

Au final, je pense que j’ai connu des hauts et des bas durant cette première année en freelance. Je crois que mon expérience est un condensé de toutes les choses à ne pas faire quand on est à son compte. Mais j’ai beaucoup appris de mes erreurs. J’ai également vécu de belles petites victoires et des très bons moments. 

Si je fais le bilan sur le plan financier, avant le confinement, j’avais réussi à atteindre mon objectif de revenu, ce qui n’est plus le cas à l’heure actuelle. Il va donc falloir que mon activité reprenne rapidement si je ne veux pas être en difficulté. Malgré le contexte particulier, je reste optimiste pour la suite. 

Sur le plan personnel, je pense que je n’ai jamais été aussi loin de ma zone de confort que cette année et cela m’a été bénéfique. Je n’ai jamais autant appris sur moi-même que durant ces douze derniers mois. 

Si je devais résumer mon année, je crois qu’en mai 2019 j’étais un peu comme une petite chenille qui rentrait dans son cocon. Ces derniers mois m’ont réellement transformée et aujourd’hui, je me sens enfin prête à sortir de mon cocon.

La question qu’on me pose souvent : est-ce que je vais continuer ?  Au fond de moi, je sens que je suis sur la bonne voie. Même s’il est possible qu’à un moment donné je redevienne salariée, je sais très bien que je finirai ma carrière à mon compte. Le contexte actuel est particulier donc tout va dépendre de l’évolution des choses. Je propose qu’on en reparle dans un an…

 

Si vous êtes aussi freelance ou si vous avez envie de le devenir, n’hésitez pas à partager votre expérience, qu’elle soit similaire ou complètement différente, ou vos questions dans les commentaires ! 

 

 

1
Share
Published by
Déborah

Articles récents

  • Pop culture

Série, musique et podcast : mes coups de cœur de 2021

Pour terminer l’année, j'ai envie de partager mes séries, chansons et podcasts coups de cœur… Read More

2 ans ago
  • Humeurs

30 ans et des poussières

Il y a six mois, j’ai eu 30 ans. 30 ans. Un âge qui me… Read More

2 ans ago
  • Vie pro

C’est quoi un travail qui a du sens ?

“En vrai, toi et moi c’est pareil : on a un travail qui n’a pas… Read More

3 ans ago
  • Humeurs

Le féminisme, la vingtaine et moi

J’ai 29 ans. Bientôt 30. Et quand je repense à ces dix dernières années, je… Read More

3 ans ago
  • Humeurs

Ce que j’ai appris en 2020

J’ai hésité avant d'écrire cet article, car je n’étais pas sûre d’avoir beaucoup de choses… Read More

3 ans ago
  • Lecture

Mes dernières lectures : poésie, amour & autobiographie

Un peu de lecture pour commencer le mois de novembre ! Ces derniers mois, j’ai… Read More

3 ans ago